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| A La Roche sur Yon (Vendée), conscrits de la Classe 1915 sur les marches du Théâtre. (Edmond ROUSSEAU est le premier, en haut, à l'extrême droite) |
Edmond Edouard ROUSSEAU est né à l'Hôtel-Dieu de Nantes (Loire-Atlantique) le 4 avril 1895 d' Augustine Marie ROUSSEAU, âgée de 19 ans (née à Nantes vers 1876), lingère, demeurant à Nantes, 15 rue du Port Communeau (actuelle rue Léon Blum), et fille de Julien ROUSSEAU et de Jeanne DANE (Dané). Sa mère le reconnaîtra en mairie le 12 avril.
En 1914, Edmond ROUSSEAU a 19 ans ; ses yeux sont bleus et il mesure 1 m 56. Il est alors galochier dans le magasin de chaussures que tiennent M. Hippolyte RAYNAUD et son épouse, née Clara BAILLET, à La Roche sur Yon (Vendée), dans " Le Passage du Commerce ", galerie commerciale aujourd'hui disparue, située entre la rue du Passage et la rue du Vieux Marché, près de la place de la Vieille Horloge.
Célibataire, il fait partie de cette communauté de petites gens employés par M. et Mme RAYNAUD et qui comprend alors Florestine RAYNON (37 ans à l'époque), leur bonne, et sa fille Julia RAYNON (13 ans), ainsi que les " demoiselles " Juliette ROY, née le 22.11.1895 à St Martin des Noyers, et Jeanne (originaire de Mareuil-sur-Lay -85- ?), sans doute les vendeuses du magasin. Avec elles, on trouve également Marcel CAILLE, un sabotier (° 18.2.1889 Saligny -Vendée -, + 3.5.1917 Mort pour la France à Oeuilly -Aisne -, sur le plateau de Craonne).
Une dizaine de cartes postales qu'il a adressées notamment à Florestine RAYNON ou Julia RAYNON, ont été conservées.
Conscrit de la classe 1915 (matricule 2417 du Bureau de Recrutement de La Roche sur Yon [1]), Edmond est incorporé le 15 décembre 1914 au 137e Régiment d'Infanterie à Fontenay le Comte [2] où il se voit rester, comme en temps de paix, pour trois ans !
Par ses cartes, on sait que le 16 mars 1915, il est à Carnac (Morbihan) où est constitué, le 20 mars, le 411e régiment d'Infanterie [3] dont il va faire partie. Le 3 avril 1915, il passe à Nantes, en route pour Limoges et, croit-il, pour les Dardanelles. En réalité, passé Limoges, son régiment se dirige vers le camp militaire de La Courtine [4], dans la Creuse, où il reste une semaine.
Le 1er août 1915, il est dans les tranchées, sans doute en première ligne. Le 9 août, il apprend le décès, à La Roche sur Yon, de Lucienne RAYNAUD, seul enfant de ses patrons.
Le 29 août, il se trouve dans l'Aisne, près de Berry au Bac [5]. Le 15 septembre, il est à l'ambulance à la suite d'un mal au pied et pense même aller au " dépôt des Eclopés ". Il parle du secteur " Plateau de Craonne, La Ville aux Bois, Berry au Bac ".
Le 18 novembre 1915, il écrit de Fismes (Marne - 51) : " … Nous sommes partis des tranchées le 16 du matin à 1 h et sommes arrivés ici (à Fismes) à 9 h. tout le temps du trajet nous avons eu de la grêle et de la neige sur le dos. Enfin nous allons pouvoir nous refortifier un peu … ".
Sa mère étant déjà décédée lors de son incorporation et sa famille n'ayant sans doute pu être retrouvée, M. RAYNAUD, son employeur, recevra à la place de celle-ci, le " Diplôme aux morts de la Grande Guerre " qui lui fut délivré en Hommage de la Nation, en vertu de la Loi du 27 avril 1916.
Il lui sera également remis le titre de la Médaille Militaire d'Edmond ROUSSEAU (arrêté ministériel du 2 juillet 1922, publié au Journal Officiel de la République Française le 17 septembre 1922) comportant l'inscription " Brave soldat tombé glorieusement pour la France le 7 février 1916 en Champagne. Croix de Guerre avec étoile de bronze ".
Un jugement déclaratif de son décès a été rendu par le Tribunal de première instance de La Roche sur Yon, le 6 septembre 1921 et transcrit sur les registres de l'Etat Civil de la ville de La Roche sur Yon, lieu de son dernier domicile, le 28 septembre 1921.
Son nom est gravé sur le Monument aux Morts de la ville de La Roche sur Yon.
[1] Vue 806/893.
[3] Un " Historique du 411e Régiment d'Infanterie " écrit par un anonyme a été publié par H. Charles-Lavauzelle en 1920.
Sur ses cartes, Edmond ROUSSEAU parle de Carnac, Salonique, Fismes ; il évoque l'hiver 1915-1916 ainsi que les combats à la Ferme de Beauséjour en janvier 1916, juste avant son décès.
[4] A 20 km au nord d'Ussel.
[5] Sur l'Aisne, à 27 km au nord-ouest de Reims.
[6] A noter que si cette date figure sur la transcription de son acte de décès et sur sa fiche SGA, les documents relatifs à sa Médaille Militaire indiquent celle du 7 février, date à laquelle il a été rayé des contrôle du corps, son décès étant survenu auparavent.
[7] La Butte du Mesnil se trouve à 1,8 km au nord-ouest de la Ferme de Beauséjour (mamelon coté 199), près de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus, dans l'actuel Camp militaire de Suippes, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Reims. Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918) a évoqué cette Butte dans son poème " Désir ".
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